Arminn
ARMIN,
LE GRAND HÉROS GERMANIQUE .
Armin (prononcer "arminn") dont le nom semble signifier "petit aigle" fut nommé par les Romains "Arminius". En pleine époque nationaliste et romantique du 19è siècle, il fut rebaptisé Hermann, car on croyait voir là l'origine germanique du nom Arminius. D'autres spécialistes pensent que son nom germanique était tiré de celui du Dieu tribal Irmin. Mais de récentes études tendent à démontrer que son nom était Armin (prénom qui existe de nos jours en Allemagne). C'est ainsi que nous l'appellerons au cours du récit présent.
Nous allons voir que ce grand personnage de l'histoire germanique, peut par certains points être comparé au Vercingétorix gaulois, à la grande différence qu'Armin fut victorieux et put ainsi préserver l'indépendance de tous les peuples germaniques à la droite du Rhin. Armin possédait deux grands atouts que n'avait pas Vercingétorix: les voies de communication inexistantes en Germanie, et le fait qu'Armin connaissait très bien les tactiques militaires romaines.
Armin fait partie du peuple germanique des Chérsuques. Il est fils d'un chef de clan, ce qui lui confère un statut de noblesse au sein de son peuple. Il est né vers 18 avant notre ère. Il passe son enfance parmi les siens et reçoit une éducation guerrière comme tous les garçons germains de son rang. Son peuple s'affronte aux Romains qui tentent de soumettre les territoires germaniques. Rome est alors au plus haut de sa puissance et grandeur. L'empire est à son apogée. Les Chérusques tentent, comme bien d'autres peuples, de trouver un arrangement avec les Romains, un compromis qui leur permette de vivre en paix. Les différents clans des Chérusques sont bien trop désunis pour faire face à la puissance militaire romaine. Cette pax romana a un prix. Les Chérusques doivent payer des tributs aux Romains. Une de ces conditions implique que les chefs de chaque clan chérusque laissent leurs fils en otage aux Romains. C'est une coutume très habituelle à l'époque. Les Romains s'assuraient ainsi la soumission des clans. Mais cela avait aussi un intérêt à long terme, car lorsque les fils revenaient au bout de plusieurs années, complètement romanisés, ils devenaient en général de bons collaborateurs et ambassadeur de la cause impériale. L'intégration à la culture romaine devait prendre de cette manière un caractère définitif.
Pour cette raison, le destin du jeune Armin va changer radicalement. Au grand regret de son père Segimer, il est remis aux autorités romaines en compagnie de son frère. Armin est alors âgée de 11 ans. Dû à son rang, les Romains prennent soin de lui et l'éduquent à la romaine. Il est dans un premier temps amené à Xanten, la première ville située sur le Rhin à la frontière gallo-romaine. Bien que certainement très triste, Armin a dû être ébloui par la grandeur de la civilisation latine. Puis en l'an 9 avant notre ère, il est mené à Rome pour parfaire son éducation. Les années passent. Le jeune homme intelligent que devient Armin fait carrière dans la légion. Il devient officier. Il est initié aux tactiques militaires et stratégiques des armées romaines.
En l’an 1 avant notre ère, Armin est envoyé à sa première campagne militaire. À la tête de troupes auxiliaires d'origine germanqiue, il se rend en Panonnie, dans les Balkans. Au cours de la guerre contre les rebelles, il se distingue sur le champ de bataille. Ses faits d'armes ont dû être remarquables car il fut nommé chevalier, une distinction qui n'était normalement pas donnée aux troupes étrangères.
En l'an 7 de notre ère, 8 ans après la campagne de Panonnie, l'empereur Auguste nomme un nouveau gouverneur pour la Germania Magna, les territoires germaniques à droite du Rhin. Ce nouveau gouverneur se nomme Publius Qunitilius Varus. Ce Varus s’était distingué en écrasant à Jérusalem une révolte et en faisant curcifier 2000 rebelles juifs. Son goût pour les richesses et pour les relations avec mineurs ne lui donnaient pas très bonne réputation. Un second grand tournant dans la vie d'Armin allait avoir lieu et donner un nouveau sens à son destin. Auguste envoie Armin en Germanie aux côtés de Varus. Trois légions entières, soit plus de 20.000 hommes, accompagnent Varus et Armin. C'est la première fois depuis son enfance que le Chérusque va tevoir son pays.
Après avoir traversées le Rhin, les légions se dirigent vers leur garnison d’été qui se trouve en territoite chérusque. Armin à la tête des troupes auxiliaires doit assurer la route à travers les grandes forêts sauvages. Une colonne de 22.000 hommes s’étend sur 15 km.
Une fois installés dans ce camp avancé, Varus exige des tributs et des impôts des Germains comme s’ils étaient les esclaves de Rome. Il les laisse exangues, car l’économie agricole germanique ne donne pour ainsi dire pas de surplus. De plus Varus condamne des Germains à la crucifixion, chose qui va à l’encontre de la justice germanique basée sur le Wehrgeld. Les Germains ne supportent pas cette tentative de Varus visant à remplacer le droit germanique par le droit romain. Le mécontentement grandit rapidement. Varus fait brûler des villages entiers pour soumettre les Chérusques à la loi romaine. L'oppression et l'injustice que fait régner Varus sont le déclic pour Armin qui secrètement se tourne contre Rome. Retrouver les siens, retrouver ses forêts et les endroits de son enfance, font vibrer en lui le sang qui coule dans ses veines. Son coeur prend tout naturellement fait et cause pour son peuple.
Armin réunit les différents clans des Chérusques. Segestes qui est le chef élu des Chérusques, est un "Römling", un ami des Romains. Il tente de convaincre les Germains de ne pas se révolter. Armin révèle aux Chérusques qu’il a un plan contre les Romains. Il réussit à convaincre la plupart des clans. À la fin de l’été de l’an 9, les légions romaines doivent retourner à leur garnison d’hiver.
Armin commence alors à jouer un dangereux double-jeu. Il planifie une grande attaque des légions romaines sur le chemin de retour vers le Rhin, tout en conservant la confiance absolue de Varus. Les Germains font des offrandes à leurs Dieux et invoquent Tiwaz, Wodan, et Donar. La grande prêtresse interroge les Dieux. Les signes sont favorables, la victoire les accompagnera. Armin explique que l’aide des Dieux ne suffira pas. Les tactiques et la discipline romaines sont les pires dangers pour les tribus germaniques. Car tout comme les Celtes, les Germains souffrent de la même faiblesse vis à vis des légions romaines, leur manque d'unité et de discipline. La longue expérience d'Armin concernant les tactiques militaires des Romains, demontre qu’il ne faut pas affronter les légions en terrain ouvert. Un chef de clan suggère d’attaquer les romains lorsqu’ils formeront une grande colonne comme un long vers pour traverser les forêts. Il faudrait donc convaincre Varus de prendre le chemin des forêts.
Varus entend parler de possibles soulèvements. Armin le rassure en lui disant que ce ne sont que des rumeurs. Là dessus vient le chef chérusque Segestes avertir le gouverneur romain Varus qu'Armin est en train de planifier une rébellion. Varus n’y croit toujours pas et donne carte blanche à Armin. Ce dernier réussit même à convaicre Varus de changer sa route habituelle qui suivait les rivières Weser et Lippe pour retourner jusqu’à Xanten à la frontiere gallo-romaine près de Cologne.
Le matin du 9 septembre de l’an 9, Armin et ses troupes auxiliaires partent en éclaireurs devant les troupes romaines.
Connu également en Allemagne sous le nom de Hermann der Cherusker, le nom d’Arminius représente, selon certains, peut-être une variante latinisée d'Irmin, théonyme basé sur le proto-germanique *erminaz, adjectif ayant le sens de « vaste, énorme, immense » (> vieux haut allemand, vieux saxon irmin-, anglo-saxon eormen, vieux norrois i?rmun- cf. Herminones ou Irminones, ethnonyme germanique), à moins qu'Irmin ne représente l'altération de l'épithète d'une divinité, plutôt que le théonyme lui-même. Cependant, cette théorie se heurte au fait que les Germains ne portaient jamais le nom d'une divinité ou de leur épithète. Irmin peut difficilement avoir été latinisé en Arminius ou Armenus qui doit être plutôt un surnom latin, tout comme celui de Flavus, son frère. Le fait que le héros mythologique Siegfried soit parfois identifié à Arminius fait montre d'une certaine pertinence, indépendamment d'une possible interprétation de faits historiques recouverts par le mythe. En effet, il était coutume chez les Germains d'associer au nom des enfants, un des éléments du nom du père, généralement composé de deux éléments1. Ainsi, si son père s'appelait réellement Sigimer / Segimer, il est probable que le nom germanique d'Arminius ait commencé par l'élément Sig- / Seg-2. Arminius a été germanisé en « Hermann » (qui signifie « homme d'armée » ou « guerrier »), au xvie siècle par Martin Luther, qui voulait utiliser un personnage antique et héroïque pour symboliser son combat contre Rome.
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