Pompée
POMPÉE,
lat.
CNEIUS POMPEIUS MAGNUS
(~106-~48)
Général et homme d'État romain qui, au même titre que César et Alexandre le Grand, figure dans la Vie des hommes illustres de Plutarque. Héros malheureux de la guerre civile qui devait mettre un terme à la République romaine, concurrent malchanceux de César, Pompée est le représentant le plus illustre du parti sénatorial qui refuse la déchéance d'un régime dont Rome a su tirer gloire et profit. C'est aux côtés de son père Pompeius Strabo qu'il sert dans l'armée au cours de la guerre sociale en ~ 89. Sa carrière est marquée pendant longtemps par la chance et l'audace. Il est le premier dans l'histoire de la Rome antique à lever de lui-même une armée de trois légions pour venir en aide à Sylla. Il est le premier à avoir été salué du titre d'imperator, qui n'était jusqu'alors porté que par des généraux ayant exercé un commandement en chef. Il est le seul Romain en qui le soupçonneux Sylla ait confiance au point de lui décerner le titre de Magnus (Grand) après ses succès sur les partisans de Marius en Sicile, en Cisalpine, en Afrique, puis en Italie et en Espagne. Il achève ensuite la guerre contre Sertorius, met un terme, dans un bain de sang et par la crucifixion de six mille esclaves, à la révolte de Spartacus. Pompée a un secret : il entreprend toujours les guerres à demi terminées par d'autres et s'octroie le succès final, étouffant du même coup le renom des généraux qui y ont contribué. En ~ 70, le voici donc sur la voie triomphale qui mène au Capitole et revêtu de la dignité consulaire. Pourtant, il trouve en face de lui le riche et ambitieux Crassus. Il rompt alors avec le parti aristocratique et devient un héros populaire que ses victoires ont rendu presque légendaire. Menant une habile politique de bascule, il rend aux tribuns tous les pouvoirs que Sylla leur avait enlevés et confie aux chevaliers, représentants de la bourgeoisie d'affaires, la puissance judiciaire. Il se constitue ainsi une clientèle électorale puissante.
Les opérations militaires conduites en Méditerranée dans les années 60 avant notre ère permettent de constituer l'Orient romain et portent Pompée au faîte de sa puissance. Depuis — 67, Pompée détient un commandement extraordinaire sur toute la Méditerranée, alors infestée de pirates. La sécurité des mers rétablie, il se fait attribuer des pouvoirs supplémentaires qui lui confèrent la conduite de la guerre, jusqu'alors menée par Lucullus, contre Mithridate VI Eupator, roi du Pont, et Tigrane, roi d'Arménie. Une telle concentration de pouvoirs, de nature monarchique, est sans précédent à Rome et nourrit l'inquiétude d'une partie du Sénat, mais la loi est votée à l'unanimité du peuple. Dès — 66, Mithridate est chassé de son royaume puis l'Arménie est soumise. Pompée s'engage alors dans une longue marche vers la Caspienne et ne s'arrête, tel Alexandre le Grand, qu'à trois jours de marche de ses rives, devant céder à la réticence de ses soldats. Il n'en poursuit pas moins sa geste exceptionnelle en conquérant la Syrie, en — 64, puis la Judée en — 63. Après avoir organisé tout l'Orient romain en un système de provinces et d'États clients, Pompée rentre à Rome, auréolé d'une puissance et d'un prestige immenses, en homme qui a porté les armes romaines aux confins du monde connu. Il licencie toutefois sonarmée, choisissant de rester dans la légalité plutôt que de s'emparer du pouvoir par la force, comme sa nouvelle puissance le lui aurait sans doute permis.
En Bref
— 133 Le roi Attale III de Pergame lègue son royaume à Rome ; création de la province d'Asie.
— 88-— 84 Première guerre de Rome contre Mithridate : Mithridate VI Eupator, roi du Pont, envahit la province romaine d'Asie et fait massacrer tous les citoyens romains résidant en Asie ; le général romain Sylla bat Mithridate à la bataille de Chéronée et le contraint à signer la paix.
— 83-— 82 Deuxième guerre contre Mithridate : affrontements entre le roi du Pont et Murena, lieutenant de Sylla resté en Orient.
— 74-— 63 Troisième guerre contre Mithridate : Mithridate entre de nouveau en guerre contre Rome, à la suite de l'annexion de la Bithynie ; le général romain Lucullus mène une brillante campagne, mais sans victoire décisive, et doit faire face de surcroît à une mutinerie de ses soldats
— 67 Par la loi Gabinia, Pompée reçoit un commandement extraordinaire sur la Méditerranée et ses côtes afin de réduire les pirates qui infestent les mers ; le problème est réglé en quelques mois.
— 66 Loi Manilia : Pompée se fait attribuer le commandement de Lucullus pour la guerre en Asie ; en quelques mois, Mithridate est vaincu et s'enfuit en Colchide, tandis que Tigrane, roi d'Arménie, se soumet.
— 65 L'armée de Pompée se dirige vers la mer Caspienne ; à trois jours de marche de ses rives occidentales, Pompée doit faire demi-tour, ses soldats refusant d'aller plus loin.
— 64 Pompée conquiert le royaume de Syrie et proclame la déposition de la dynastie multiséculaire des Séleucides.
– 63 Pompée entre dans Jérusalem, assiège le Temple des Juifs puis s'en empare. Envisageant d'atteindre la frontière de l'Égypte, il apprend le suicide de Mithridate. Il décide alors de mettre un terme à son odyssée conquérante.
— 62 Pompée organise l'Orient selon un système de provinces et de royaumes clients avant de rentrer à Rome à la fin de l'année.
— 61 Pompée licencie son armée, le Sénat lui accorde deux jours de triomphes : il a vaincu quatorze nations et soumis plus de vingt rois ; Pompée dépose au Trésor public 50 millions de deniers.
— 59 Face à l'opposition du Sénat, César, élu consul, fait ratifier les actions de Pompée en Orient et attribue des terres à ses vétérans.
— 49-— 45 Deuxième guerre civile, celle-ci entre Pompée et César.
— 48 Vaincu à la bataille de Pharsale, Pompée s'enfuit en Égypte, où il est assassiné par des dynastes alexandrins qui veulent plaire à César.
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