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Scipion l'Africain

Scipion l'Africain

en latin Publius Cornelius Scipio Africanus

 

Scipion l'Africain

Scipion l'Africain

Général romain (235-Liternum 183 avant J.-C.).

Aristocrate, génie militaire, manifestant avec éclat les quatre vertus cardinales romaines, la virtus, la iusticia, la pietas et la clementia, il est peut-être, selon les termes de l'historien Eutrope, « le premier des Romains de son siècle et des siècles suivants ». Fils de Publius Cornelius Scipio (tué en Espagne en 211 avant J.-C.) et de Pomponia, il épousa Emilia, la fille du consul Paul Émile (le vaincu de Cannes par Hannibal), de qui il eut quatre enfants : Publius – que sa mauvaise santé tint écarté des emplois publics et qui adopta Scipion Émilien –, Lucius (qui fut préteur en 174), Cornelia (qui épousera Publius Cornelius Scipio Nasica Corculum), et une autre Cornelia (qui sera la mère des Gracques).

Le vainqueur de Carthage

Il commence très jeune dans la carrière des armes ; âgé de 17 ans à peine, il prend part aux batailles du Tessin, où il porte courageusement secours à son père blessé, puis de la Trébie et de Cannes, où il est tribun militaire et, où, après le désastre, il prend le commandement d'un groupe de rescapés qu'il sait ramener jusqu'à Rome. En 213 avant J.-C., il obtient avant l'âge l'édilité curule puis, sans passer par les charges de préteur et de consul, reprenant la charge perdue par son père et son oncle, se posant en vengeur de sa famille et de sa patrie, il impose en 211 sa candidature comme proconsul en Espagne pour y combattre les Carthaginois.

Il prend Carthagène en 209, puis, pénétrant en Andalousie, vainc Hasdrubal Barca à Baecula (près de l'actuelle Bailén). Il ne peut pour autant empêcher Hasdrubal de rejoindre Hannibal en Italie. Mais Scipion inflige près d'Ilipa (aujourd'hui Alcalá del Rio, dans la province de Séville) à l'armée carthaginoise dirigée par Magon et par Hasdrubal Giscon (206 avant J.-C.) une défaite qui met pratiquement fin à la domination punique en Espagne. Consul en 205, il réunit des troupes en Sicile d'où il observe attentivement les développements diplomatiques en Afrique, où une alliance se noue entre Carthage et les Numides Masaesyles du roi Syphax. Parvenant à vaincre les hésitations du Sénat, d'abord hostile à son projet de porter la guerre en Afrique alors qu'Hannibal, en Italie, constitue encore une menace pour Rome, il réunit une armée en Sicile, et passe en Afrique (204) où il met le siège devant Utique (204 avant J.-C.), s'allie au roi de Numidie orientale Masinissa, incendie le camp de Giscon et de son allié Syphax (203), et les met en déroute aux Grandes Plaines (Campi Magni, aujourd'hui Souk el-Arba, vers Béja). Menacée directement, Carthage demande la paix, mais le retour d'Hannibal et de son armée (202) entraîne la poursuite de la guerre. Avec son allié Masinissa, Scipion remportela victoire décisive de Zama (202) qui met fin à la deuxième guerre punique. Il reçoit en 201 le titre d'Africanus.

« Ingrate patrie… »

Scipion est ensuite nommé censeur (199) et recoit le titre de princeps (« prince ») du Sénat (ce qui lui confère le droit d'y parler en premier). Il est réélu consul en 194 avant J.-C., respectant l'intervalle de dix ans qui doit séparer deux consulats. Mais, tandis que la plèbe l'aurait volontiers nommé consul perpétuel et dictateur, l'oligarchie – où, depuis la mort de Fabius Maximus, en 203, aucune famille ne peut rivaliser avec les Cornelii – mène une guerre sourde contre lui. L'élection au consulat de son frère Lucius Scipio Asiaticus (Scipion l'Asiatique), en 191, est le dernier succès politique des Cornelii. Légat en 190, il accompagne son frère en Asie et le seconde dans sa campagne contre Antiochos III Mégas, vaincu en 189. À Rome, cependant, ses ennemis se sont organisés : les attaques contre les agissements des deux frères, accusés de détournement d'une partie du tribut de guerre imposé à Antiochos, aboutissant à l'ouverture du « procès des Scipions » (187 à 184 avant J.-C.) qui met fin à leur carrière politique. Scipion l'Africain n’est pas condamné, à la différence de son frère, mais malade, il choisit de s'exiler de Rome ; il se retire dans sa propriété de Liternum, en Campanie, où il meurt peu après. « Ingrate patrie, tu n'auras pas mes os » auraient été ses dernières paroles.

Son frère Scipion l'Asiatique (en latin Lucius Cornelius Scipio Asiaticus) [avant 184 avant J.-C.] l'accompagna dans ses campagnes. Consul en 190, il eut le commandement de la guerre contre Antiochos III Mégas et y gagna le triomphe et son surnom.

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