Nourriture tirée du règne végétal
Du Blé
et
des
autres farineux
Le blé étant une plante perfectionnée par les soins de l'homme,une plante que la Nature ne lui offre spontannément dans aucun climat qu'il entretient dans l'état d'amélioration où il a su l'amener,que par des précautions renouvellées tous les ans.et qui enfin jusqu'au moment où elle devient nourriture exige plusieurs opérations raisonnées et des instruments trés ingénieux.Il est plus que probable qu'il a fallut bien des siècles avant qu'on ai pu parvenir a en faire un aliment.
Les Grecs érigèrent des autel à Cérés et à Tripolème dont l'industrie leur avait enseigné l'art de le cultiver;et la reconnaissance dut sans doute chez plus d'un peuple rendre des honneurs pareils au bienfaiteur précieux qui offrait un pareil présent.
On ignore quand et par qui le blé fut apporté dans les Gaules.Comme toutes les connaissances et les lumières de la Nation étaient entre les mains des Druides et que ces prêtres législateurs avaient pour maxime de ne rien ècrire,on ne sait rien sur les premiers âges,et si quelques ecrivains latins ou Grecs qui la connurent depuis l'invasion des Romains ne nous eussent transmis sur elle certains détails peut être ignorions nous jusqu'au noms de nos premiers aïeux.
On peut supposer avec vraissemblance qu'habitant un pays couvert d'immenses forêts ils se nourrirent longtemps des graines,des fruits sauvages, de leurs arbres,et surtout des fruits de ces différentes éspèces de chênes qui s'étaient si forts multipliés chez eux.Le respect particulier qu'ils portaient à ce dernier arbre.La ceremonie pompeuse avec laquelle le grand prêtre venait tous les ans couper la plante parasite qui s'y attache et s'y nourrit;le nom même de ces Druides dérivés du Celtique Déru (chêne),tout semble indiquer ce qui servit de premiere nourriture à nos aïeuls.
Chez les Arcadiens et les Espagnols le gland était regardé comme un mets délicieux;et nous lisons dans Pline que de son temps ces derniers en servaient à leur table au dessert,aprés les avoir fait cuire sous la cendre pour les adoucir..La règle de Chrodégand,évêque de Mets fit vers la fin du huit ème siècles pour les chanoines dit expressement au chapitre du menfutâ cibi,que si dans une année défavorable le gland ou la faine viennent à manquer,c'est à l'évêque a y pourvoir.
Dans la partie de la Champagne qu'on appelle le Perthois,la faine du hêtre passait de son temps pour une nourriture trés délicate.Le premier pain des Arcadiens fut fait avec de la farine de gland.
Si l'on en croit Justin ce fut cette colonie grecque venue de Phocée s'établir à Marseille,qui apprit aux Gaulois l'art de cultiver la terre.Mais d'un autre côté si l'assertion de Justin est vraie quel temps t'a t'il pas fallut à l'Agriculture pour pénétrer ainsi de proche en proche depuis la Méditerranée jusqu'à l'Escaut à travers ces divers peuples dont les Gaules étaient composées et qui différaient si fort entre eux par les moeurs et le langage?
Selon Stabon on reccuillait dans toute la Gaule du froment et du millet;on y nourrissait toute sorte de troupeaux,et il n'y avait aucun terrain éxcepté les bois et les marrais.César,Dion,et Cicéron parlent d'un commerce considérable de blé que la Gaule faisait avec les Romains.
Pline nous apprend que dans quelques cantons tels que l'Autunais,et le Poitou;on fumait les terres avec de la chaux,qu'ailleurs les Gaulois se servaient de marne;et que cet engrais,qui était chez eux une invention trés ancienne faisait même leur richesse.
Pour couper leurs moissons ils employaient une éspèce de machine particulière,qu'il n'est pas trop aisé de comprendre la description trés abrégée que l'auteur en donne.Palladius,qui en parle aussi n'est pas plus intelligible.C'etait une sorte de van,monté sur deux roues légères.Il y avait des dents de fer à sa partie anterieure et portait à l'autre bout un timon auquel on attachait un cheval ou un boeuf.Au lieu de tirer à la manière ordinaire,l'animal poussait la machine en avant.Le conducteur en même temps la haussait ou la baissait à la hauteur des épis;et ces épis se trouvaient arrachés,ou plutôt coupés par les dents,sans que la paille fût endommagée.Elle restait sur pied sur toute sa longueur.
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