le Magazine des Régions des Artisans Créateurs et Producteurs

Pas perdus au Musée de L'Allier

Le Musée d' Anne de Beaujeu

 

« Donnez-moi un musée et je le remplirai. » — Pablo Picasso

 

 

Illustration.

 

 

installée depuis 1912 dans le pavillon Renaissance du palais des ducs de Bourbons à Moulins.

le musée  Anne de Beaujeu est le fruits de plusieurs héritages:celui des ducs de Bourbons d'abord

 


La parcelle, après la vente des biens nationaux en 1791, passe entre dans les mains de plusieurs propriétaires, avant d’être achetée par la famille Mantin en 1828. Les grands-parents de Louis Mantin y font construire une maison et un atelier où une partie, voire la totalité, de leur activité d’ébéniste s’implante. 

Par ailleurs, bien placée dans le centre ville de Moulins, cette parcelle est bordée par un parc (l’actuel parc Laussedat) et dispose d’une superficie suffisamment importante pour l’aménagement de jardins privés.

 

des dernieres volontés d'un Moulinois de naissance Louis Mantin

Issu d'une famille fortunée, rentier à 42 ans, "bourgeois" et original, Louis Mantin lègue en 1905 son exceptionnelle maison et la collection qu'elle renferme "de façon à montrer aux visiteurs dans cent ans un spécimen d'habitation d'un bourgeois du 19e siècle". Construit entre 1893 et 1897, sur une partie des ruines du palais ducal des Bourbon, l'édifice pittoresque est conçu pour présenter et conserver la collection du maître des lieux, érudit, curieux et amateur d'art.

 

L’emplacement de la Maison Mantin

Il est loin d’être anodin. L’actuelle maison est construite sur une parcelle qui se situe à la place de la partie nord du corps de logis construit au 15e siècle par les ducs de Bourbon, entre le château médiéval et le pavillon Renaissance. Un incendie ravage en 1755 une partie de ce bâtiment qui avait été par ailleurs progressivement laissé en déshérence. Ce terrain, situé sur un dénivelé, possède encore, du côté des Jardins-Bas, les salles basses voûtées du 15e siècle. Cet emplacement est doncfortement lié à la fabuleuse histoire des Bourbon, au milieu de ce château de Moulins, ville capitale du Bourbonnais.

Fermée pendant presque un siècle, cette maison singulière et ses collections surprenantes ont été entièrement restaurées. Aujourd'hui, c'est pour un véritable voyage à la fin du 19e siècle, que cette demeure vous ouvre ses portes !

 

René Moreau

Louis Mantin commande, l’année même de sa mise en disponibilité, en 1893, les plans d’une villa à René Moreau (1858-1924). Ce dernier, fils de l’architecte Jean Bélisaire Moreau, est un architecte important de l’Allier, qui œuvre à la restauration de nombreux châteaux et à la construction de plusieurs édifices notables.

René Moreau présente en 1893 un premier projet de villa dont le dessin est exposé au Salon des Artistes français à Paris la même année. Ce premier jet est sans doute considéré comme trop ambitieux puisque Moreau reprend sa copie et soumet un second projet, moins conséquent mais qui conserve le même style.

 

Le style éclectique

Ce deuxième projet est accepté. Moreau propose une construction pittoresque dans le style des manoirs néo-normands (utilisation de la brique et du bois, toiture débordante...) avec des emprunts notables à l’architecture du château (tour et tourelle), genre très prisé par une certaine bourgeoisie à la fin du 19e siècle. Après la révolution de 1848, l’école du néo-classicisme est balayée par un courant romantique qui se met au service de la classe dirigeante du Second Empire. De nombreux châteaux sont construits ou restaurés dans ce goût que l’on désigne aujourd’hui par le terme d’éclectisme ou d’historicisme.

 

Vitrail

 

 

La construction de la maison

Les travaux débutent en 1894. Louis Mantin dépose dans les fondations de sa maison un lot de pièces d’or et d’argent au millésime de l’année. La demande formulée le 17 mai auprès de sa banque est conservée et permet d’établir le contenu de ce « trésor ». Ce geste solennel reprend une tradition très ancienne, censée apporter richesse et prospérité à la maison. 

La fin des travaux s’échelonne entre 1895 et 1897. L’inscription de l’observatoire et un vitrail présentent la date de 1895, Auguste Sauroy signe son travail en 1896 et des graffiti d'artisans retrouvés derrière les tentures mentionnent la date de 1897.

 

Maison Mantin

Les façades

La Maison Mantin présente un plan asymétrique sur trois niveaux. Elle se caractérise par de nombreux décrochements, des tourelles, des baies de formes variées. Les toits débordants sont couverts de tuiles plates et les pignons sont coupés. Les parements sont construits en pierre aux joints cimentés. Des moulurations horizontales en pierre taillée scandent les étages. Les ouvertures présentent des encadrements en pierre plus claire et en briques. Un décor de terre cuite émaillée polychrome agrémente les façades.

La façade donnant sur le jardin Laussedat clôturé par des grilles d’inspiration Art nouveau séparées par des piliers alternant pierre et brique surmontés de vases Médicis. Les deux portails sont décorés de l’initiale du propriétaire. La tour a été placée exactement au-dessus de l’escalier du corps de logis du 15e siècle et permet d’accéder aux salles basses médiévales par une porte située à sa base. 

 

Le testament décisif de Louis Mantin

L’idée de regrouper les deux collections était en germe dès les années 1860 mais aucun des projets n’avait pu aboutir. Le musée Anne-de-Beaujeu dans sa configuration actuelle doit beaucoup à Louis Mantin. D'une part, ses grands-parents avaient fait construire leur demeure sur les ruines du corps de logis du château situé entre le donjon et le pavillon Anne-de-Beaujeu. Cet ancien sous-préfet y adosse sa spectaculaire villa en 1896. D’autre part, Louis Mantin était investi dans la vie culturelle locale et fut vice-président de la Société d'émulation du Bourbonnais de 1902 à 1904. Comme il était lui-même collectionneur et amateur d’art, la création du musée lui tenait particulièrement à cœur. Aussi rédigea-t-il un testament qui scella définitivement l’avenir du musée. Il légua sa maison, ses collections et une somme d’argent aux pouvoirs publics pour la création d’un musée rassemblant les deux collections, dans le pavillon Anne-de-Beaujeu et ouvert dans  es cinq ans après sa mort. C’est grâce à « ce coup de pouce » que le nouveau musée ouvrit ses portes le 5 juin 1910.

 

Constituées de dons, d’achats et de dépôts de l’État, les collections du musée regroupent quelques 20 000 œuvres, objets d’art, trouvailles archéologique, pièces de monnaie et médailles, éléments d’éperonnerie, armes et un fonds d’histoire naturelle. Une partie seulement est présentée dans les salles d’exposition permanentes.

Objets de vitrine

et

mille autres curieux bibelots

 

Le détail de la disposition des objets de la collection à l’intérieur de la maison est connu par l’inventaire après décès qui mentionne en 1905, salle après salle, couloir après couloir,

 la plupart des objets sont mis en situation, quelques dispositifs spécifiques de présentation ont toutefois été conçus pour recevoir des sections particulières, collections dans la collection, tout spécialement au deuxième étage de l’édifice où se situe « le musée » : « Dans un cabinet en haut de la tour : un meuble vitré à deux corps renfermant une collection de minéraux, de silex, divers objets gallo-romains et préhistoriques, et une collection d’oiseaux naturalisés.

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Le fonds archéologique représente plus de 60% des collections du musée. Il est essentiellement issu de découvertes régionales du xixe siècle. Constitué d’objets datant du paléolithique à l’époque gallo-romaine, la collection comporte des pièces remarquables :

  • le mobilier lithique du site préhistorique éponyme de Châtelperron ;
  • un dépôt de fondeur de l’Âge du Bronze découvert à La Ferté-Hauterive comportant notamment une remarquable ceinture à pendeloques ;
  • un important ensemble de figurines gallo-romaines en terre cuite de l’Allier 

 

 

Dans le musée […] des vitrines fixées au mur […], une vitrine marquetterie Louis XVI contenant divers objets notamment des miniatures et des montres […], trois grandes tables sur lesquelles sont trois grandes vitrines contenant une série d’objets de serrurerie artistique […], un meuble acajou à vitrine contenant divers objets, notamment des éventails et une cafetière Empire. »

 

 les meubles, les tableaux et les bibelots. De rares documents iconographiques complètent cette connaissance.

Meubles meublants

et

mobilier de collection

 

 

Meubles meublants et mobilier de collection

 

Trois grandes catégories peuvent être distinguées. Tout d’abord, une cinquantaine de meubles portant la marque des styles savants qui se sont succédés avec bonheur aux 17e et 18e siècles et lors de la période Empire forme un premier ensemble.

Il y a, par ailleurs, des meubles fabriqués à la fin du 19e siècle, dits « de style », Renaissance, Henri II, Louis XV et Louis XVI. Le mobilier de style Henri II est caractéristique du goût éclectique de cette période et s’inspire de l’ameublement des châteaux de la seconde moitié du 19e siècle. Ces meubles mettant en oeuvre des bois massifs pouvaient en outre utiliser des panneaux de bois anciens. Le nom du menuisier Francis Blondeau peut être évoqué. Né en 1847, il était installé près de la cathédrale. Il a laissé le souvenir d’un « ouvrier d’art continuant les traditions des anciens maîtres menuisiers moulinois des 17e et 18e siècles » et « son goût était en partie guidé par la lecture assidue des oeuvres de Viollet-le-Duc pour le mobilier ancien ». 

La dernière catégorie est formée par le mobilier usuel de la fin du 19e siècle qui peut être qualifié de « moderne ». Ces meubles se retrouvent facilement dans les catalogues de vente de l’époque.

Meubles meublants et mobilier de collection
L’ensemble des meubles présentés a nécessité des restaurations spécifiques : renforcement structurel, reprise des placages et des marqueteries, nettoyage des bronzes et des marbres par exemple. Les sièges ont fait l’objet d’une attention particulière et d’une réflexion conduite au cas par cas.

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