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l'histoire de l'Obélisque

 

 

C’est l’un des monuments les plus emblématiques de Paris et le plus vieux : l’Obélisque de Louxor, taillé il y a plus de trois mille ans sous le règne de Ramsès II, trône depuis 1836 sur la place de la Concorde. Offert par l’Egypte à la France, son voyage jusqu’à Paris va durer sept ans. Une extraordinaire aventure humaine et technique retracée dans une grande exposition au musée de la Marine.

 

On n'imagine pas la place de la Concorde à Paris sans son Obélisque. Un colosse de granit rose d'Assouan de vingt-trois mètres de haut pesant deux cent trente tonnes, érigé dans l'axe des Champs-Elysées et du jardin des Tuileries. Un monolithe qui trônait avec son jumeau à l'entrée du Temple d'Amon, à Louxor.

 

Entrée Temple d'Amon à Louxor avec ses deux obélisques 

En 1829, le vice-roi d'Egypte Méhémet-Ali décide de faire don à la France d’un des deux obélisques érigés à Alexandrie, l’autre devant revenir aux Anglais. Mais Champollion, arrivé dans le pays en août 1828, parvient à le convaincre d’offrir au Roi de France plutôt ceux du temple de Louxor, érigés sous le règne de Ramsès II, au XIIIe siècle avant J-C, et devant lesquels il est tombé en admiration. Le 24 novembre 1828, il écrit : "Un palais immense, précédé de deux obélisques de près de quatre-vingts pieds, d’un seul bloc de granit rose d’Assouan, d’un travail exquis, accompagnés de quatre colosses de même matière, et de trente pieds de hauteur environ, car ils sont enfouis jusqu’à la poitrine. C’est encore là du Ramsès le Grand."

Portrait de Méhémet-Ali, par Auguste Couder (1789-1873) 

Convaincu par l’enthousiasme de Champollion, le roi Charles X met tout en œuvre pour récupérer les deux monolithes de Louxor bien mieux conservés que ceux d’Alexandrie et surtout ne pas se faire doubler par les Anglais. Mais la tâche s’annonce extrêmement difficile et les défis nombreux. Le roi confie donc leur rapatriement au ministère de la Marine qui lance la construction d’un navire spécialement conçu pour cette mission plus que délicate.

Jean François Champollion (1790-1832). Traduction du texte principal des hiéroglyphes gravés sur la face sud de l’obélisque de la Concorde. (Extrait du livre « Le grand voyage de l’obélisque » de Robert Solé paru aux Editions du Seuil)

Commence alors une incroyable aventure humaine, scientifique et technique qui va durer sept ans. Entre-temps, la Révolution de Juillet est passée par là et Louis-Philippe monte sur le trône, mais le nouveau souverain poursuit l’aventure et en avril 1831, le « Luxor » quitte le port de Toulon chargé d’hommes et de matériels, sous les ordres de l’ingénieur maritime Apollinaire Lebas.  

Tracté  par le « Sphinx », le Luxor mettra deux ans pour rejoindre le Havre avant de remonter la Seine. L’obélisque sera enfin érigé le 25 octobre 1836 devant le roi et plus de deux cent mille Parisiens. Et comme le raconte Alain Niderlinder, commissaire de l'exposition dans ce sujet de France 3, Apollinaire Lebas resta durant l'opération de levage sous l'obélisque afin de ne pas survivre en cas d'accident pour ne pas subir le déshonneur.

L'obélisque de Louxor érigé le 25 octobre 1836 sur la place de la Concorde à Paris devant plus de 200 000 parisiens

Le "Sphinx" remorquant le "Luxor", François Roux (1811- 1882), aquarelle sur papier, vers 1880/82

L’Obélisque de Louxor a été classé monument historique en 1936. Depuis 1998, il est surmonté d'un pyramidion fait de bronze et de feuilles d'or, censé remplacer un précédent ornement, volé lors d'invasions en Egypte au VIe siècle.

Devant les difficultés rencontrées et le coût financier et humain, la France n’ira jamais récupérer le deuxième obélisque de Louxor. Il a été officiellement « restitué » à l’Egypte en 1981.

L'entrée du Temple d'Amon aujourd'hui avec son unique obélisque

Une incroyable épopée, riche en rebondissements, qui reprend vie grâce à cette exposition qui regroupe des œuvres variées et jamais réunies jusqu’à présent : des tableaux, des plans originaux, des dessins, maquettes, dioramas des différentes étapes de l’expédition, des objets archéologiques et des documents divers.
 
A noter que le musée lance à cette occasion une application pour smartphone qui permettra aux visiteurs d’enrichir leur visite.
 
Les enfants n’ont pas été oubliés, après avoir découvert l’histoire de l’obélisque, ils pourront s’amuser à décoder ses hiéroglyphes.
 

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