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L'île de Paques ses mystéres

 

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« Au lieu de rencontrer des hommes détruits par la famine… je trouvai, au contraire, une population considérable, avec plus de beauté et de grâce que je n’en avais rencontrée sur d’autres îles ; et une terre, qui, avec un labeur infime, fournissait d’excellentes provisions, et une abondance assez suffisante pour la consommation des habitants ». 

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Le pirate anglais du XVIIè siècle Edward Davis, commandant le Bachelor’s Delight ( le «Plaisir du Célibataire»), a manqué une belle occasion de laisser son nom à la postérité. Croisant en 1695 dans le Pacifique Sud au large d’une île non répertoriée, il se contenta d’inscrire sa vision dans son livre de bord sans indiquer la position précise de l’île aperçue. On ne put donc lui attribuer sa découverte.

Il faudra attendre plus d’un quart de siècle pour que le navigateur hollandais Jacob Roggeveen , à la tête d’une  expédition financée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à la recherche de la Terra Australis aborde la même île le 6 avril 1722. Ce jour était le lundi de Pâques — et non pas le jour de Pâques, comme indiqué un peu partout y compris sur wikipedia — néanmoins Jacob Roggeveen nomma cette île het Paasch Eyland, l’île de Pâques. Cette appellation est devenue officielle et a été traduite dans les autres langues: espagnol Isla de Pascua, anglais Easter Island, allemand Oster Insel, français île de Pâques …

 

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L’île se trouve à 3 680 km des côtes chiliennes et à 4 050 km de Tahiti, l’île habitée la plus proche étant Pitcairn à plus de 2 000 km à l’ouest. L’île de forme triangulaire, d'environ 23 km dans sa plus grande dimension, couvre 166 km. La population comptait 3 304 habitants en 2002. Son chef-lieu (et unique village) est Hanga Roa.

Elle fut visitée par le premier Européen, le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen, le jour de Pâques, le 5 avril 1722, et comptait alors près de 4 000 habitants. Elle fut annexée par l’Espagne en 1770 sous le nom d'isla San Carlos, mais l'Espagne s'en désintéressa par la suite ; des Français s'y installèrent après 1864 et l'île devint une possession chilienne en 1888. 
 
Depuis 1995, le patrimoine exceptionnel de l’île est protégé et inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO. Des parcs ou réserves naturelles, parfois surveillés, enserrent les zones des vestiges. La communauté rapanui veille jalousement sur les traces de son histoire et constitue un pouvoir parallèle au gouvernement officiel chilien. 
 
Cette île, la plus à l'est de toute l’Océanie, est célèbre pour ses vestiges mégalithiques des premières civilisations autochtones. Le patrimoine archéologique comprend environ 900 statues de basalte, les moaï, de 4 m de hauteur moyenne et près de 300 terrasses empierrées au pied de ces statues, les ahû. 

Dessin de Pierre Loti « L'Ile de Pâques, le 7 janvier 1872 vers 17 heures»Dessin de Pierre Loti « L'Ile de Pâques, le 7 janvier 1872 vers 17 heures»

Roggeveen avait aussi découvert d’autres îles, notamment une  entre le Chili et l’île de Pâques que l’on baptisa l’île Roggeveens. C’est en partant annexer cette île pour le compte de la couronne d’Espagne que l’Espagnol Felipe González  Ahedo (1714 -1802) aborda à son tour sur l’île de Pâques le 15 novembre 1770 mais sans la reconnaître. Il n’y resta qu’une journée, le temps d’ériger quelques croix et d’en prendre possession pour l’Espagne. Il la baptisa isla de San Carlos, en hommage à son roi. L’Espagne s’en désintéressa complètement  et l’on s’aperçut plus tard qu’il s’agissait bien de l’ile de Pâques elle-même. Après eux, James Cook et La Pérouse s’y intéressèrent , mais c’est une autre histoire…

L’expédition de Jacob Roggeveen — tant elle est  pleine de péripéties et d’exotisme mais aussi de politique et de finance et ferait un bon blockbuster hollywoodien — mérite d’être contée.

Avant lui, son père, Arent Roggeveen, éminent mathématicien, astronome et géographe, avait soumis à la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales le plan d’un voyage dans les mers du Sud, à la recherche du si convoité et mythique Continent austral, s’appuyant pour cela sur le récit qu’avait fait l’Anglais Edward Davis. Après la mort de son père, Jacob, qui avait fait toute sa carrière comme juriste au service de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, reprit le projet et persuada la Compagnie occidentale d’enfin financer cette expédition. Les deux Compagnies se livraient en ces temps là une guerre sans merci dans le partage maritime commercial du monde— guerre bien plus âpre  que celle que se livraient alors Anglais et Français pour la suprématie militaire. La Compagnie occidentale savait fort bien qu’elle outrepassait ses droits en finançant une expédition dans les mers du Sud censées appartenir à sa rivale, aussi donna-t-elle à Roggeveen comme instruction absolue de retourner en Hollande par le détroit de Magellan et l’océan Atlantique, mais son objectif était bien la découverte et le commerce avec le Pacifique Sud.

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Il partit d’Amsterdam le 16 juillet 1721, à la tête de trois vaisseaux bien équipés et d’un équipage chevronné : l’Arend («l’Aigle»), ainsi nommé en hommage à son père dont c’était le prénom, le Tienhoven ( du nom d’un village qui signifie «dix cours, dix tribunaux», mais surtout patronyme de Cornelius Van Tienhoven, un des premiers administrateurs de la Nouvelle-Amsterdam, la future New-York) et l’Africansche Galey (la «Galère africaine»). Il ne vit aucune terre avant ce fameux 6 avril 1722 où il aperçut enfin une île  et décida de l’aborder. Le premier contact avec les indigènes (il en dénombra deux à trois mille) tourna au drame quand deux de ceux-ci furent tués par un tir accidentel de mousquet ( selon le rapport officiel). Néanmoins, le détachement resta sur place quatre jours, suffisamment longtemps pour vérifier qu’il ne s’agissait pas du si convoité Continent austral et que l’île ne présentait pas un intérêt majeur — hormis ses statues impressionnantes dont il fut un des premiers à parler. Roggeveen conclut dans son rapport que la description qu’avait faite Davis de l’île était « due à un brigand de la vérité tout autant que des biens espagnols».

Au bout de quatre jours, chassée vers l’ouest par des tempêtes, l’expédition partit vers les Tuamotou, et ce n’est que le 18 mai qu’on aperçut une île basse et sablonneuse, qu’on baptisa Carlshof ( «Cour de Charles», aussi appelée «île des Chiens», en langue indigène Poekapeka). Le soir suivant, la Galère africaine heurta un récif de corail, un marin périt noyé, et le reste de l’équipage dut rejoindre la terre ferme. L’agitation qui s’ensuivit fit réagir les indigènes et des escarmouches eurent lieu. Le lendemain, abandonnant l’épave de la Galère africaine, l’expédition repartit mais cinq des membres de l’équipage du navire perdu refusèrent de monter à bord du Tienhoven et se mutinèrent. Roggeveen décida de les abandonner à leur sort sur une île qu’il baptisa Schaddelyk ( aujourd’hui Schadelijk, «la Pernicieuse», Takapoto). En 1765, le commodore Byron, de la marine britannique, trouva les restes de la Galère africaine, mais aucune trace ni aucun souvenir d’éventuels survivants.

Poursuivant sa route, Roggeveen passa tout près des Tuamotou, y découvrant et nommant quelques atolls, mais ne put s’approvisionner en eau douce et aliments frais qu’au bout de quinze jours dans un autre archipel — sans doute une partie des Samoas, qu’il fut le premier à découvrir. L’équipage, atteint du scorbut, le poussa à poursuivre sa route toujours plus à l’ouest vers Batavia, un des ports principaux de l’ennemie, la Compagnie orientale, aujourd’hui Jakarta. La maladie prit des proportions inquiétantes et soixante-dix hommes avaient succombé avant qu’on jetât l’ancre devant Batavia.

L’accueil fut pourtant loin d’être chaleureux. Les fonctionnaires de la Compagnie des Indes orientales traitèrent Roggeveen comme un contrebandier, l’emprisonnèrent, confisquèrent ses vaisseaux et les survivants de ses équipages furent répartis sur d’autres navires pour être transportés en Hollande.

Tel fut le résultat du fait que Roggeveen n’était pas rentré par  l’Atlantique comme il en avait reçu l’ordre. Finalement, en 1725, lorsque l’affaire passa en justice, il fut justifié, ses biens lui furent rendus, ses marins furent payés et il reçut un dédommagement. Happy end hollywoodien ? Si l’on veut: sa femme étant morte avant lui, il mourut à son tour en 1729 sans laisser de descendants. Le compte-rendu très précis de son expédition est resté enfoui dans les archives de la Compagnie des Indes occidentales. On publia à la place celui d’un des ses officiers, Carl Friedrich Behrens, vague et contradictoire, qui priva les  géographes et navigateurs  de renseignements intéressants qui auraient bien pu modifier le cours des grandes explorations du XVIIIè siècle. Le compte-rendu de Roggeveen ne fut publié qu’en 1911.

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