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le Magazine des Régions des Artisans Créateurs et Producteurs

Auguste Renoir

 

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Pierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l'un des plus célèbres peintres français. 

Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus réaliste sous l'influence de Raphaël. Il fut peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures mortes et scènes de genre, pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur. 

Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et le nu féminin que par celle des paysages, il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne). 

Pendant environ soixante ans, il a peint à peu près six mille tableaux. 

Pierre-Auguste dit Auguste Renoir est né à Limoges le 25 février 1841, sixième de sept enfants. Son père, Léonard Renoir (1799-1874) est tailleur, sa mère, Marguerite Merlet (1807-1896) est simple couturière. La famille vit alors assez pauvrement. En 1844, la famille Renoir quitte Limoges pour Paris, où le père espère améliorer sa situation. Pierre-Auguste y suit sa scolarité. 

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À l’âge de 13 ans, il entre comme apprenti à l’atelier de porcelaine Lévy Frères & Compagnie pour y faire la décoration des pièces. Dans le même temps, il fréquente les cours du soir de l’École de dessin et d’arts décoratifs jusqu’en 1862. À cette période, il suit des cours de musique avec Charles Gounod qui remarque cet élève intelligent et doué. 

En 1858 à l’âge de 17 ans, pour gagner sa vie, il peint des éventails et colorie des armoiries pour son frère Henri, graveur en héraldique. En 1862, Renoir réussit le concours d'entrée à l’École des beaux-arts de Paris et entre dans l’atelier de Charles Gleyre, où il rencontre Claude Monet, Frédéric Bazille et Alfred Sisley. Une solide amitié se noue entre les quatre jeunes gens qui vont souvent peindre en plein air dans la forêt de Fontainebleau. 

Ses relations avec Gleyre sont un peu tendues et lorsque ce dernier prend sa retraite en 1864, Renoir quitte les Beaux-Arts. Cependant, alors que la première œuvre qu’il expose au salon (l’Esméralda 1864) connaît un véritable succès, après l’exposition, il la détruit. Les œuvres de cette période sont marquées par l'influence d'Ingres et de Dehodencq dans les portraits, de Gustave Courbet (particulièrement dans les natures mortes), mais aussi d'Eugène Delacroix, à qui il emprunte certains thèmes (les femmes orientales, par exemple). En 1865, Portrait de William Sisley et Soir d’été sont acceptés par le Salon, ce qui est plutôt de bon augure. Un modèle important à cette époque pour lui est sa maîtresse Lise Tréhot : c'est elle qui figure dans le tableau Lise à l'ombrelle (1867) qui figura au salon 1868, et qui suscita un commentaire très élogieux de la part d'un jeune critique, un certain Émile Zola. Mais en général, les critiques sont plutôt mauvaises, et de nombreuses caricatures paraissent dans la presse, telles celles de Bertall. 

Renoir entretenait à cette époque une liaison avec Lise Tréhot. Deux enfants naquirent de cette liaison: Pierre né à Ville-d'Avray, le 14 septembre 1868 (on ignore le lieu et la date de son décès) et Jeanne, née à Paris Xe le 21 juillet 1870 et décédée en 1934. 

Le séjour que Renoir fait avec Monet à la Grenouillère (établissement de bains sur l'île de Croissy-sur-Seine, lieu très populaire et un peu « canaille » selon les guides de l'époque) est décisif dans sa carrière. Il peint véritablement en plein-air, ce qui change sa palette, et fragmente sa touche (moins que Monet qui va plus loin dans ce domaine). Il apprend à rendre les effets de la lumière, et à ne plus forcément utiliser le noir pour les ombres. Dès lors, commence véritablement la période impressionniste de Renoir. Le paradoxe est que Monet se veut peintre de paysage, et que Renoir préfère la peinture figurative. Aussi pour les mêmes scènes de La Grenouillère, Renoir adopte un point de vue plus rapproché qui lui permet de donner une plus grande importance aux figures. 

 

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Il expose avec les Impressionnistes de 1874 à 1878 (ou 1879 ?) et réalise son chef-d'œuvre : le Bal du moulin de la Galette, à Montmartre, en 1877 (Paris, Musée d'Orsay). Le tableau est acheté par Gustave Caillebotte, membre et mécène du groupe. 

Cette toile ambitieuse (par son format d'abord, 1,30 m × 1,70 m) est caractéristique du style et des recherches de l'artiste durant la décennie 1870 : touche fluide et colorée, ombres colorées, non-usage du noir, effets de textures, jeu de lumière qui filtre à travers les feuillages, les nuages, goût pour les scènes de la vie populaire parisienne, pour des modèles de son entourage (des amis, des gens de la « bohème » de Montmartre). Pour les nus, il fait d'abord appel à des modèles professionnelles puis à de jeunes femmes qu'il rencontre parfois dans la rue et qu'il paye en leur offrant le portrait, des fleurs ou des chapeaux à la mode. 

 

 

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Autour de 1880, en pleine misère (Renoir n'arrive pas à vendre ses tableaux, la critique est souvent mauvaise), il décide de ne plus exposer avec ses amis impressionnistes mais de revenir au Salon officiel, seule voie possible au succès. De fait, grâce à des commandes de portraits prestigieux - comme celui de Madame Charpentier et ses enfants - il se fait connaître et obtient de plus en plus de commandes. Son art devient plus affirmé et il recherche davantage les effets de lignes, les contrastes marqués, les contours soulignés. Cela est visible dans le fameux Déjeuner des Canotiers (1880-81) de la Phillips Collection (Washington), même si le thème reste proche de ses œuvres de la décennie 1870. On peut apercevoir dans ce tableau un nouveau modèle, Aline Charigot, qui deviendra finalement sa femme en 1890, et qui lui donnera trois autres enfants, après Pierre et Jeanne nés de Lise Tréhot : Pierre Renoir, Jean Renoir, le cinéaste, et Claude Renoir dit « Coco ». 



Les trois danses (Danse à Bougival, Boston ; Danse à la ville et Danse à la campagne, Musée d'Orsay, vers 1883) témoignent aussi de cette évolution. 

Entre 1881 et 1883, Renoir effectue de nombreux voyages qui le mènent dans le sud de la France (à l'Estaque, où il rend visite à Paul Cézanne), en Afrique du Nord où il réalise de nombreux paysages, et en Italie. C'est là-bas que se cristallise l'évolution amorcée dès 1880. Au contact des œuvres de Raphaël surtout (les Stanze du Vatican) Renoir sent qu'il est arrivé au bout de l'impressionnisme, qu'il est dans une impasse, désormais il veut faire un art plus intemporel, et plus « sérieux » (il a l'impression de ne pas savoir dessiner). Il entre alors dans la période dite ingresque ou Aigre, qui culmine en 1887 lorsqu'il présente ses fameuses Grandes Baigneuses à Paris. Les contours de ses personnages deviennent plus précis.

 

 

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Il dessine les formes avec plus de rigueur,

les couleurs se font plus froides, plus acides, ce qui indigne le critique Joris-Karl Huysmans « Allons, bon ! Encore un qui est pris par le bromure de Raphaël ! ». Sa peinture qui marque un retour vers le classicisme est plus influencée aussi par l'art ancien (notamment par un bas-relief de François Girardon à Versailles pour les Baigneuses). 

Lorsqu'il devient à nouveau père, d’un petit Pierre (1885), Renoir abandonne ses œuvres en cours pour se consacrer à des toiles sur la maternité. 

La réception des Grandes Baigneuses est très mauvaise, l'avant-garde (Pissarro notamment) trouve qu'il s'est égaré, et les milieux académiques ne s'y retrouvent pas non plus. Son marchand, Paul Durand-Ruel, lui demande plusieurs fois de renoncer à cette nouvelle manière. 

 

 

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Aline, future Madame Renoir, le convint de découvrir en 1888 son village natal: Essoyes. Il écrit alors à son amie Berthe Morisot "Je suis entrain de paysanner en Champagne pour fuir les modèles coûteux de Paris. Je fais des blanchisseuses ou plutôt des laveuses au bords de la rivière.". 

De 1890 à 1900, Renoir change de nouveau son style. Ce n'est plus du pur impressionnisme ni le style de la période ingresque, mais un mélange des deux. Il conserve les sujets d'Ingres mais reprend la fluidité des traits. La première œuvre de cette période, les Jeunes filles au piano (1892), est acquise par l'État français pour être exposée au musée du Luxembourg. En 1894, Renoir est de nouveau père d'un petit Jean (futur cinéaste, auteur notamment de La Grande Illusion et La Règle du jeu) et reprend ses œuvres de maternité. La jeune femme qui s'occupe de ses enfants, Gabrielle Renard, deviendra un de ses fréquents modèles. 

En 1896, Renoir devient propriétaire pour la première fois de sa vie en achetant une maison à Essoyes. Ainsi, la famille Renoir se retrouve tous les été jusqu'au décès du peintre en 1919. Essoyes sera le rendez-vous des jeux en plein air, des pique-niques, pêches, baignades aussi bien en familles qu'entres amis Julie Manet notamment en parle dans son journal). 

Cette décennie, celle de la maturité, est aussi celle de la consécration. Ses tableaux se vendent bien (notamment par les marchands d'art Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel), la critique commence à accepter (comme l'animateur de La Revue blanche Thadée Natanson) et à apprécier son style, et les milieux officiels le reconnaissent également (achat des Jeunes filles au piano, proposition de la Légion d'honneur, qu'il refuse d'abord). En 1897, lors d'une mauvaise chute de bicyclette près d'Essoyes, village d'origine de son épouse Aline Charigot, il se fracture le bras droit. Cette chute est considérée comme responsable, du moins partiellement, de la dégradation ultérieure de sa santé. Des rhumatismes déformants l'obligeront progressivement à renoncer à marcher (vers 1905). En 1900, Renoir est nommé chevalier de la Légion d'honneur, puis officier en 1911. 

Comme Edgar Degas, José-Maria de Heredia, Pierre Louÿs et d'autres, il appartenait à la Ligue de la patrie française, ligue antidreyfusarde modérée. 

En 1903, il s'installe avec sa famille à Cagnes-sur-Mer (voir Musée Renoir de Cagnes-sur-Mer), le climat de la région étant censé être plus favorable à son état de santé que celui des contrées nordiques. Après avoir connu plusieurs résidences dans le vieux village, Renoir fait l'acquisition du domaine des Collettes, sur un coteau à l'est de Cagnes, afin de sauver les vénérables oliviers dont il admirait l'ombrage et qui se trouvaient menacés de destruction par un acheteur potentiel. Aline Charigot y fait bâtir la dernière demeure de son époux, où il devait passer ses vieux jours sous le soleil du midi, bien protégé toutefois par son inséparable chapeau. Il y vit avec sa femme Aline et ses enfants, ainsi qu'avec des domestiques (qui sont parfois autant des amis que des domestiques) qui l'aident dans sa vie de tous les jours, qui lui préparent ses toiles, ses pinceaux. Les œuvres de cette « période cagnoise » sont essentiellement des portraits, des nus, des natures mortes et des scènes mythologiques. Ses toiles sont chatoyantes, et il utilise l'huile de façon de plus en plus fluide, tout en transparence. Les corps féminins ronds et sensuels resplendissent de vie. 

Renoir est désormais une personnalité majeure du monde de l'art occidental, il expose partout en Europe et aux États-Unis, participe aux Salons d'automne à Paris, etc. L'aisance matérielle qu'il acquiert ne lui fait pas perdre le sens des réalités et le goût des choses simples, il continue à peindre dans son petit univers presque rustique. Il essaie de nouvelles techniques, et en particulier s'adonne à la sculpture, aiguillonné par le marchand d'art Ambroise Vollard, alors même que ses mains sont paralysées, déformées par les rhumatismes. De 1913 à 1918, il collabore ainsi avec Richard Guino, un jeune sculpteur d'origine catalane que lui présentent Maillol et Vollard. Ensemble, ils créent un ensemble de pièces majeures : Vénus Victrix, le Jugement de Pâris, la Grande Laveuse (Fondation Pierre Gianadda, parc de sculptures, Martigny, Suisse), le Forgeron (Musée d'Orsay). Après avoir interrompu sa collaboration avec Guino, il travaille avec le sculpteur Louis Morel (1887-1975), originaire d'Essoyes. Ensemble, ils réalisent les terres cuites, deux Danseuses et un Joueur de flûteau. 

Sa femme meurt en 1915, ses fils Pierre et Jean sont grièvement blessés durant la Première Guerre mondiale, mais en réchappent. 

Renoir continue, malgré tout, de peindre jusqu'à sa mort en 1919. Il aurait, sur son lit de mort, demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière il aurait déclaré « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ». 

Le 3 décembre 1919, il s’éteint dans son « Domaine des Collettes » à Cagnes-sur-Mer, des suites d'une congestion pulmonaire, après avoir pu visiter une dernière fois le Musée du Louvre et revoir ses œuvres des époques difficiles. Il est enfin reconnu. 

Dans un premier temps, il est enterré avec son épouse dans le vieux cimetière du château de Nice. Deux ans et demi plus tard, le 7 juin 1922, les dépouilles du couple Renoir sont transférées dans le département de l'Aube où elles reposent désormais dans le cimetière d'Essoyes, comme l'avait souhaité Renoir et son épouse. Depuis, Pierre et Jean, puis les cendres de Dido Renoir – seconde épouse de Jean – partagent sa sépulture. 

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Postérité : 

Il subsiste sur la peinture d'Auguste Renoir un perpétuel malentendu. Elle passe aujourd'hui pour la quintessence du « bon goût bourgeois », à l'instar de ces « peintres décoratifs » et ces « peintres de dames » réalisant des tableaux complaisants et stéréotypés, Renoir n'ayant pas toujours su éviter ce piège pour assurer sa subsistance. Citée en exemple, sa peinture illustre l'idée que le commun des mortels se fait de la beauté en art, ses toiles abordant des sujets simples ayant trait à la vie quotidienne, ses nus qu'il traite d'une manière opulente et sensuelle dégagent une certaine plénitude. C'est oublier que cette peinture figurative jugée mièvre et réconfortante car évoquant la nostalgie d'un bonheur perdu et qu'on retrouve désormais dans les calendriers des postes ou les cartes postales (telle le Bal du moulin de la Galette, l'emblème touristique du Paris en carte postale), a été rejetée par le public et les critiques pendant plus de vingt ans. Considérée par les collectionneurs de son temps comme inachevée, maladroite et bâclée, elle a par la suite été perçue comme totalement révolutionnaire car rompant avec les conventions de l'art officiel de l'époque. Cependant, le tournant opéré par Renoir vers 1890 lorsqu'il abandonne le plein air et renoue avec ses maîtres préférés, tels Jean-Honoré Fragonard, Raphaël ou François Boucher lui vaut d'être accusé de trahison par ses anciens compagnons impressionnistes qui lui reprochent de sacrifier à la peinture officielle des héritiers de Jacques-Louis David. L'histoire de l'art considère pourtant que cette dernière période de Renoir marquée par un retour vers le classicisme a fortement inspiré une jeune génération d'artistes, tels que Picasso, Henri Matisse, Maurice Denis ou Pierre Bonnard. 

 



Marché de l'art : 

   - Dans les roses - 23.000.000 $ - Sotheby's mai 2003 
   - Femmes dans un jardin - 12.250.000 $ - Sotheby's mai 2007 
   - Les rosiers à Wargemont - 7.512.000 $ - Sotheby's nov 2004 
   - La loge - 7.412.000 $ - Sotheby's fevrier 2008 
   - Les deux sœurs - 6.850.000 $ - Sotheby's février 2007 
   - Portrait de nini - 5.500.000 $ - Sotheby's novembre 2008 
   - Jeunes filles au lilas - 5.500.000 $ - Sotheby's mai 2004 
   - La lecture - 5.000.000 $ - Sotheby's mai 2007 
   - En 2009, sur un marché aux puces près de Washington, une Américaine a acquis pour 7 dollars un lot de babioles dans lequel elle découvre un authentique tableau de Renoir. Peint en 1879, il représente un paysage des bords de Seine. Il a été mis aux enchères le 29 septembre 2012 après avoir disparu depuis plusieurs dizaines d'années. Le Musée des Arts de Baltimore averti de la vente du tableau, en revendique la propriété, et demande au FBI la mise sous séquestre. Il s'est avéré que ce tableau, légué au musée en 1951, avait été volé, dans la nuit du 16 au 17 novembre 1951, lors de l'exposition consacrée à la peinture française From Ingres to Gauguin. La Cour fédérale de Virginie a ordonné, dans un jugement en date du 10 janvier 2014, la restitution du tableau au Musée, légitime propriétaire. Pour fêter le retour du tableau dans ses collections, 63 ans après son vol, le musée organise une exposition spéciale du 30 mars 2014 au 20 juillet 2014. 
 

Auguste Renoir - Bal du moulin de la Galette 

Bal du moulin de la Galette, 1876

 

Auguste Renoir

 



J'ai beaucoup apprécié la lecture du journal de Julie, fille des peintres Berthe Morisot et Eugène Manet, nièce du peintre Edouard Manet

Je peux même dire que j'ai adoré lire ce témoignage d'une jeune fille bien née, mais naturelle et sans façons, à une époque si riche en évènements artistiques et politiques.
 



Je recommande vivement la lecture de ce journal agrémenté de photos, lettres, tableaux...

C'est un petit bonheur de lecture qui nous transporte environ cent vingt ans dans le passé (seulement !), et, outre le bonheur de lire les émois, réflexions parfois naïves mais toujours charmantes, l'optimisme incroyable de Julie, nous remémore des pages de nos livres d'histoire (la IIIe république, Mac-Mahon, l'affaire Dreyfus, Fachoda et les Anglais...) mais cette fois-ci sous un angle intime et proche de nous. (Isabelle S. et Valérie D.: lisez-le, vous allez adorer !)


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Berthe Morisot's oil painting Portrait of Julie 1889
B. Morisot : 
Portrait de Julie (1889)

Julie (née le 14/11/1878) perd son oncle le fameux Edouard M. quand elle a 5 ans, en 1883.

?Elle perd son père  à l'âge de 12 ans en 1892, et sa mère 3 ans plus tard.

???????????Marquée par les deuils, la jeune Julie sera entourée par les amis artistes de sa famille, son tuteur le poète Stéphane Mallarmé,et le proche ami de la famille le peintre Auguste Renoir.

Petit mot de Stéphane Mallarmé à Julie Manet - nouvel an 1891:
"Ici-même l’humble greffier - Atteste la mélancolie - ??
Qui le prendre d’orthographier - Julie autrement que Jolie
."?

Fichier:Pierre-Auguste Renoir - Julie Manet.jpg
Portrait de Julie
 par Renoir (1887)

 

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Julie  commence son journal à l'âge de 14 ans, elle le tient avec régularité jusqu'à son mariage avec Ernest Renouart (peintre et fils du peintre Jean Rouart) le 31 mai 1900.

 

Fichier:Eugene Manet and His Daughter at Bougival 1881 Berthe Morisot.jpg
B. Morisot : Julie 
et Eugène Manet à Bougival (1881)

C'est le compte rendu quotidien d’une jeune parisienne des années 1890, extrêmement intéressant pour son rendu de l'époque, du milieu artistique, de l'évolution industrielle et des évènements politiques français et internationaux.

 

 

Julie vit entourée d'artistes peintres, et très tôt s'adonne elle-même à la peinture. sa mère reçoit régulièrement à dîner MM. Degas, Renoir...

 

Bien que frappée par des deuils successifs et orpheline à 16 ans, Julie conserve son optimisme hors du commun, son sens des petites choses de la vie qui peuvent procurer quelques menus plaisirs, un coucher de soleil, une lumière particulière...

Après la mort de sa mère en 1895, elle s'entoure de ses cousines dans la maison familiale rue de Villejust à Paris et continue sa vie de jeune fille de bonne famille de l'époque : cours de peinture, musique, concerts, sorties en grande tenue et chapeautée au parc, visites d'expositions. Les contingences matérielles lui semblent totalement épargnées.
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Julie Manet : Le bateau de Mallarmé à Valvins
Aquarelle représentant Geneviève Mallarmé assise de profil dans le jardin.
Julie Manet : 
Geneviève au jardin

 

 

 












 

[Julie+Manet+1874-1966,l'heure+du+thé.jpg]
Julie Manet : L'heure du thé 
(portrait de Jeanne Gobillard)





JULIE ET LES AMIS DE FAMILLE PEINTRES ou ARTISTES

??? 
04/03/1896 : Altercation entre Degas et Monet au sujet de l’aménagement de l’exposition consacrée à Berthe Morisot :

"Est-ce que je m’occupe du public ? Il n’y voit rien, c’est pour moi ; pour nous que nous faisons cette exposition : vous ne voulez pas apprendre au public à voir ? Crie M. Degas. Eh bien si, répond M. Monet, nous voulons essayer. Si nous faisions cette exposition uniquement pour nous, ce ne serait pas la peine d’accrocher tous ces tableaux, nous pourrions simplement les regarder par terre." (p86)

 

JULIE PASSIONNÉE :????? ?????

B. Morisot: Julie au Bois de Boulogne

 

14/11/1894 : "J’ai 16 ans. Le lever de soleil est extraordinaire. Il est féerique, rose, complètement rose comme un feu de Bengale, tout est enveloppé de tarlatane, c’est merveilleux." (p54)

 

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JULIE DÉPRIMÉE :

16/09/1897: "Jusqu’à présent, j’avais beaucoup d’ambition, je voulais avoir un vrai talent ;   maintenant je voudrais seulement être plus que la jeune fille qui peint des éventails et des abat-jour, peut-être dans quelques temps n’aurais-je peut-être même plus cette ambition-là ?" (p116)

 

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Julie Manet peinte par Renoir

JULIE ET LES HOMMES…

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17/09/1897: "M. Renoir a débandé son bras ce soir, que j’ai été horrifiée à la vue de tous ces poils, que l’homme est laid ! Un animal a une fourrure, mais l’homme a des poils qui laissent voir la peau, c’est horrible ! Tout de même, il faut du courage pour se marier avec cela !" (p116)

 

22/09/1897: "Jeannie dit toujours que c'est un devoir de se marier et d'avoir des enfants; mais ce devoir va-t-il jusqu'à épouser quelqu'un qui vous déplaît pour peupler la France ? En ce cas, c'est bien dur. Il m’a toujours semblé que les présentations, les mariages par arrangements, tout cela devait être odieux ; mais être aimée et aimer, cela doit être doux. Je pense que jamais je ne goûterai à ce bonheur, ce serait trop pour moi, je ne m’attends pas à de grandes jouissances dans ma vie et cependant j’espère toujours." (p 119)

JULIE ET LE PROGRES…

??28/09/1897: "M. Renoir n’a-t-il pas raison ? Quel esprit sain disant toujours des choses pleines de sens ! cette mécanique qui envahit le monde est assommante, je vois avec horreur venir les automobiles, les bicyclettes, bien qu’il y en ait beaucoup trop, je trouve cela moins horrible, d’ailleurs je ne peux plus en dire de mal puisque je l’apprends. M. Renoir qui s’est cassé le bras en descendant, peut la haïr." (p117)

 

 

JULIE ET L’AFFAIRE DREYFUS...

- 16/10/1898 : "Entre les grèves (des chemins de fer) et l’interminable affaire Dreyfus, on ne peut augurer rien de bon." (p146)

- "Le 19 septembre 1898, le gouvernement Waldeck-Rousseau casse le verdict du tribunal de Rennes contre Dreyfus et gracie celui-ci (…). Le 20 septembre, Julie note dans son journal qu’elle envoie 6 francs à la souscription de la Libre Parole pour le rapatriement des juifs à Jérusalem." (p182)

- 26/10/1898 : "Les journaux apportent de mauvaises nouvelles de Fachoda, quelle question inquiétante, ce serait horrible d’avoir une guerre avec les Anglais, leur marine est si forte, cette idée me navre." (p148)

- 02/08/1899 (p178) et 15/11/1899 (p184) : Les remarques reprises par Julie ne méritent pas d'être reproduites, c'est je pense à mettre sur le compte de la naïveté de la jeune fille... mais certainement pas au crédit de son mentor de peintre le célèbre R. que je ne connaissais pas sous ce jour.



Quelques commentaires de Julie sur des oeuvres de sa mère Berthe Morisot :

03/03/1896 : Préparation de la rétrospective posthume "Berthe Morisot" à la galerie Durand-Ruel à Paris. Julie est chargée de numéroter les tableaux de sa mère.
 

"Le repos" : portrait de maman en blanc sur un canapé rouge et un pied en avant (par E. Manet)

 

Berthe Morisot : Le cerisier

 

 

 

"Le cerisier" : commencé à Mézy avec Jeannie en bas tendant le panier et moi sur l’échelle cueillant des cerises ; il a été fini rue Weber avec un modèle très gentil et Jeannie est restée comme elle était ; le ciel est celui d’un temps chaud, les bras de la figure du haut en silhouette du haut sur le ciel et les branches du cerisier merveilleusement dessinées. La robe rose souligne la douceur des tons verts de  l’arbre et la douceur de l’atmosphère enveloppe les lumières brillantes ça et là sur la robe. La figure du bas, au chapeau de paille très beau, est également enveloppée de vert.

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?Le Cerisier de gauche a été travaillé rue de Villejust entre le commencement et l’achèvement de l’autre, le ciel est plus bleu, les verts dessus plus éclatants, la figure du haut en robe blanche à fleurs roses est moins dans l’ombre et a les bras plus levés, celle du bas a aussi une robe plus claire.

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Beaucoup de personnes ne savent pas lequel des deux tableaux elles préfèrent. On hésite, les avis sont partagés. M. Degas aime mieux le tableau n°3. M. Renoir l’aime mieux comme ensemble, mais préfère des morceaux de l’autre. M. Monet les admire tous les deux, M. Mallarmé  aime mieux le n°2 et moi aussi ;peut-être est-ce parce que maman le considérait de beaucoup comme le mieux, et qu’elle y avait le plus travaillé. L’année dernière, au mois de janvier, Carmentron avait emmené le tableau chez lui pour le vendre. Maman n’en avait demandé que 1.500 francs, mais lorsqu’il fut parti, elle le regretta et lui écrivit de le lui rendre. (p90)

 

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"Les roses trémières", roses, rouges, blanches, comme des fusées elles s’élèvent sur le ciel d’été et du matin sur l’arbre encore dans une atmosphère vaporeuse. (p100)

 

"Intérieur" : Une femme en noir, assise de profil, à contre-jour, derrière elle une jardinière dorée, au fond une fenêtre, tante Edma et Jeannie regardent par la fenêtre. Le noir de la robe de la femme est merveilleuxet la transparence de la manche sur les bras ! Les mains très faites sont extrêmement jolies, cette figure a quelque chose de naïf en même temps que savant. Les meubles sont admirablement faits. (p88)

 

Chronologie du journal de Julie Manet et principaux événements 1893/1899 :
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Julie Manet : Jeune fille au piano (*)

1893
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Julie commence son journal - Berthe Morisot et Julie vont en vacances à Fontainebleau, près des Mallarmé - Julie fait la connaissance de Camille Mauclair - Promenade en voiture avec Laërte - Berthe Morisot en barque avec Stéphane Mallarmé - A Paris, reprise de la peinture / Visite à tante Suzanne - Un incident déplaisant / Chez Durand-Ruel - L’atelier de Renoir / Autre visite à Mallarmé - L’oncle-parrain / Musique - Funérailles du maréchal Mac-Mahon - Visite à Giverny / Julie se souvient de son père - Marie Bashkirtseff / Au Louvre


1894

Mort du parrain de Julie - Voyage à Bruxelles avec Berthe Morisot - La Libre Esthétique / Retour à Paris - La collection Duret /mort du tsar Alexandre III - Visite au marchand de tableaux Camentron - Chez Tante Suzanne / 16e anniversaire de Julie -  Une soirée à la Comédie-Française
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1895

Maladie et mort de Berthe Morisot - La dernière lettre - Julie et ses cousines vont rejoindre la famille Renoir en Bretagne - Douarnenez/Visite à la maison natale de Paule Gobillard - Un curieux personnage dans une vieille église - Peinture en haut des falaises, à Tréboul - Mme Renoir évoque des souvenirs - Le départ des pêcheurs - Retour à Paris / La fin du monde ? - Le chat de Geneviève  / Degas exprime son opinion - Commentaires sur l’exposition Berthe Morisot - M. Zandomeneghi / Julie a dix-sept ans - Un dîner chez Degas - Julie copie l’un des portraits de Manet 

Self-portrait with
Julie Manet : autoportrait 
avec son chien Laërte (**)

1896
Premier anniversaire de la mort de Berthe Morisot - Préparatifs de la rétrospective Berthe Morisot chez Durand-Ruel - Monet choisit un tableau - Discussion entre Degas et Monet - Julie décrit l’exposition - Mallarmé vient dîner - Lecture de vieilles lettres de bon-papa - Julie accompagne Paule à la banque : une mésaventure comique - La visite du tsar Nicolas II / Magnifique spectacle de feux d’artifice - Déjeuner chez Renoir à Montmartre - Visites de fin d’année de Renoir et Mallarmé


1897

A l’atelier de Renoir / Mlle Baudot - Visite de Julie et de Paule à Degas - Dans le Val de Loire - Les cousines préfèrent descendre à l’hôtel plutôt que dans un couvent - Séjour à Vassé /Paule est grondée par sa tante - A Essoyes, chez les Renoir - Renoir effraie involontairement Julie - Automne / Quelques réflexions sur le mariage - Julie aimerait que M. Mallarmé la conseille davantage - Réunions au Louvre / L’Odéon - Une représentation décevante aux Folies-Bergère - Renoir donne une excellente leçon de peinture à Jeanne Baudot - Julie fait la connaissance d’Ernest Rouart, élève de Degas - Un dîner agréable avec Mallarmé et Renoir - Discussion sur l’affaire Dreyfus

 

1898
A l’atelier de Renoir - Une histoire amusante sur le Dr Evans, de Philadelphie - L’affaire Dreyfus et les juifs - Julie et Paule voient de nouvelles peintures de Renoir chez Durand-Ruel - La collection Rouart - Renoir mange des huîtres et discute de l’affaire Dreyfus - Un horrible accident - Deuxième anniversaire de la mort de berthe Morisot - Les toiles de l’oncle Edouard – La collection Goupil - Lettres / la petite-fille de Helleu écrasée par une voiture - Renoir parle de Wagner - Les salons et les indépendants - Une journée à Valvins chez les Mallarmé - Julie fait la connaissance d’une Danoise – De nouveau en Bretagne - Une terrible tragédie – A Valvins - Des obsèques bouleversantes - Leçons de Renoir - Agitation à Paris - Julie se rend compte qu’elle n’est plus une enfant - Les primitifs au Louvre – L’affaire de Fachoda - Degas aborde le sujet du mariage - Julie a vingt ans - Jeanne Baudot et Degas - Julie rencontre de nouveau Ernest Rouart - Mariage d’Yvonne Lerolle

Julie Manet : Jeannie Gobillard au sofa (*) ou Jeanne Baudot modèle ?

1899

Triste début d’année - Guerre avec l’Angleterre ? - Julie évoque ses parents - Scandale à propos d’un tableau de l’oncle Edouard - Le château du Mesnil - Julie rêve à l’avenir - Le réalisme – La vente Desfossé - Exposition de tableaux laissés par Sysley - La collection Doria / Mauvais état de santé de Renoir - Le président provoque la colère de la foule - « Hamlet » - Les sentiments de Julie pour Ernest Renouart se précisent - La vente Choquet – Edgar Allan Poe - Le « sentiment » en peinture et en musique - Réflexions de Julie sur le mariage - Renoir parle du socialisme - Procès en révision de Dreyfus - Julie se demande si elle verra Ernest à Plaines - Pique-nique à Moyeux – Dreyfus de nouveau condamné - Voyage dans le midi - Le 21e anniversaire de Julie - Elle pense qu’elle aimerait épouser Ernest - Vilaine dispute entre Degas et Renoir - Une leçon de violon – Julie est souffrante - Visite de la collection Alexis Rouart - « Iphigénie en Tauride »

Une très intéressante chronologie artistique et historique figure en annexe de l’ouvrage. (Journal de Julie Manet, Ed. Scala, 200 p)


 

Lettre de Berthe Morisot à Julie, écrite la veille de sa mort :
?

La lecture sur le transat by Julie Manet
Julie Manet : 
La lecture sur le transat (**)
Jeune fille au jardin by Julie Manet
Julie Manet : 
Jeune fille au jardin (**)


"Ma petite Julie, je t'aime mourante, je t'aimerai encore morte ; je t'en prie, ne pleure pas ; cette séparation était inévitable ; j'aurais voulu aller jusqu'à ton mariage...

Travaille et sois bonne comme tu l'as toujours été ; tu ne m'as pas causé un chagrin dans ta petite vie. Tu as la beauté, la fortune, fais-en bon usage. Je crois que le mieux serait de vivre avec tes cousines rue de Villejust, mais je ne t'impose rien. Tu donneras un souvenir de  moi à ta tante Edma et à tes cousines; à ton cousin Gabriel, les Bateaux en réparation, de Monet. Tu diras à M. Degas que s'il fonde un musée, il choisisse un Manet. Un souvenir à Monet, à Renoir, et un dessin de moi à Bartholomé. Tu donneras aux deux concierges. Ne pleure pas; je t'aime encore plus que je t'embrasse.

Jeannie, je te recommande Julie".

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