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le Magazine des Régions des Artisans Créateurs et Producteurs

Les derniers jours de Pompéi

Tranche de vie à Pompéi ,Les deux élégants

 

" Hé Diomède bonne rencontre ! Soupez vous chez Glaucus cette nuit?"

Ainsi parlait un jeune homme de petite taille,vêtu d'une tunique aux plis lâches et éfféminés dont l'ampleur témoignait de sa noblesse non moins de sa fatuité..

" Hélas non cher Glaucus il ne m'a pas invité,répondit Dimède,homme d'une stature avantageuse et d'un âge  déjà mûr.Par Pollux,c'st un mauvais tour qu'il me joue.On dit que ses soupers sont les meilleurs de Pompéi.

Assurément quoiqu'il n'y ait assez de vin pour moi.Ce n'est pas le vieux sang grec qui coule dans ses veines car il prétend que le vin lui rend la tête lourde le lendemain matin.

Il doit avoir une autre raison à cette parcimonie,dit Diomède en relevant les sourcils;avec toutes ses imaginations,et toutes ses extravagances,il n'est pas assz riche,je suppose qu'il affecte de l'être;et peut être aime t'il épargner ses amphores que son ésprit.

Raison de plus pour souper chez lui pendant que les sesterces durent encore;l'année prochaine,nous trouverons un autre Glaucus.

J'ai ouie dire qu'il était aussi fort ami des dés

Amis de tous les plaisirs; et puisqu'il se plait à donner des soupers,nous sommes tous de ses amis.

Ah Ah Claudius,voilà qui est bien dit.avez vous jamais vu mes colliers, par hasard

Pline raconte Pompéi

 

"Tu désire savoir par le menu tous les incidents relatifs à la mort de mon oncle afin de les transmettre à la postérité.Je te suis reconnaissant de cette faveur parce que je suis sûr qu'il en retirera une gloire immortelle si tu lui donne une place parmi les ecrivains latins,bien qu'il ait été enveloppé  dans un malheur qui a désolé le plus beau pays du monde et que sa mort ait été occasioné par une catastrophe à jamais mémorable.

"il se trouvait à Misène,oùil commandait la flotte,le 23 du mois de Novembre.Il était environ une heure aprés midi quand ma mère l'avertit qu'on voyait apparaitre dans le ciel un nuage d'une grandeur et d'une figures extraordinaires.Aprés s'être quelque temps étendu au soleil,selon sa coutume, et avoir bu un peu d'eau fraiche,il s'état jeté sur son lit,où il étudiait.Il se lève et monte en un lieu d'où il pouvait facilement considérer ce phénomène.

Il était difficile de distinguer de loin de quelle montagne sortait le nuage.On sur depuis que c'était le Vésuve.La figure du nuage ressemblait plus à celle d'un pin qu'à celle d'un tout autree arbre,parce qu'aprés s'être élevé trés haut en droite ligne,la cime présentait une surface plane et se divisait comme une multitude de rameaux.Je m'imagine continue Pline qu'un vent souterrain chasséait la vapeur devant lui avec impétuosité et la soutenait ensuite dans les airs;mais soiit que l'impulsion cessât peu à peut,soit que le nuage fût emporté par son propre poids,on le voyait se dilater et se répandre dans tous les sens.Il paraissait tantôt blanc,tantôt noirâtre,tantôt de diverses couleurs, selon qu'il était plus ou moins chargé de cendres ou de sable.

"Un tel prodige émerveilla mon oncle,et il le jugea digne d'être contemplé de plus prêt.Il ordonne de préparer sa galère légère, et me propose de l'accompagner.Je lui répondis que je préférai étudier et il se trouvait par aventure qu'il m'avait donné quelque chose à écrire.

Il sortait de la maison ses tablettes à la main,quand les matelots éffrayés du péril évident qui menaçait Rétina (ce bourg est en effet assis précisément au pied de la montagne et n'avait pas d'autres moyens de salut que par la voie de la mer ) vinrent le supplier de ne pas les exposer à un si grand danger;mais il ne changea pas de sentiment,et au contraire il poursuivit avec un courage héroïque ce que tout d'abord il n'avait entreprit que par simple curiosité.Il appelle à lui les galères,monte,et part avec le ferme projet de voir quel secours on pourrait porter non seulement à Rétina,mais encore à tous les autres villages de cette plage,fort nombreux à cause de l'aménité du site.Il a hâte d'arriver au lieu où tous s'enfuient,et au point où le péril est le plus imminent.

Il s'agissait avec une si grande liberté d'esprit que quand il observait quelque changement ou quelque forme extraordinaire dans le phénomène,il dictait des notes.

" Déjà il pleuvait sur les galères une cendre extrémement épaisse,qui devenait de plus en plus chaude à mesure qu'on approchait d'avantage;il tombait aussi autour d'eux des pierres calcinées et des cailloux noircis,brûlés et pulvérisés par la violence du feu;Le rivage se montrait inacessible à cause d'énormes masses détachées de la montagne qui le recouvrait.Il s'arrêta un instant et parut incertain s'il avancerait ou reculerait;puis il dit au pilote qui lui conseillait de prendre le large:" la fortune favorise le courage,tourne la proue du côté de la maison de Pomponianus ".

Pomponianus était à Stabia,dans un lieu séparé par une petite baie que la mer forme insensiblement sur ces bords découpés.Là à l'aspect du péril encore lointain,mais de plus en plus menaçant,,il avait mis tous ses effets sur ses navires et n'attendait qu'un vent favorable pour s'éloigner de ces lieux.Mon oncle le trouve épouvanté et tremblant;il l'embrasse,le rassure,l'encourage,et pour bannir par sa propre assurance les terreurs de son ami il se fait conduire au bain.Ensuite il se met à table,et soupe avec un visage gai, ou au moins avec l'apparence de sa gaité ordinaire.

Pendant ce temps là des  flans du Vésuve s'échappaient çà et là des lueurs et des flammes,qui éclatant tout à coup au sein des ténèbres en augmentaient l'horreur.Mon oncle pour raviver le courage des personnes qui l'accompagnaient affirmait que ce que l'on voyait brûler n'était pas autres chose que les villages des paysans abondonnés faute de secours.

Ensuite il se coucha et s'endormit profondément à tel point qu'on l'entendait ronfler de l'antichambre.Mais on fut bientôt obligé de l'éveiller,parceque la cour par laquelle on entrait dans sa chambre commençait à se remplir d'une si grande quantité de cendres,que pour peu qu'il y fut demeuré plus longtemps il n'aurait pu en sortir.

Alors il rejoignit Pomponianus et les autres qui se tenaient sur leur garde,et ils se consultèrent ensemble, pour savoir si il valait mieux se renfermer dans la maison ou se jeter dans la campagne.En effet les édifices étaient tellement secoués par de fréquents tremblements de terre,qu'on les eût crus arrachés de le fondements et lançés tantôt d'un côté,,tantôt de l'autre,puis remis en leur place;au dehors des habitations le péril n'était pas moins grand,à cause de la chute des pierres, bien qu'elles fussent légères et calcinées par le feu.

Entre ces divers périls on choisit ceux de la pleine campagne.Dans l'esprit de ceux qui le suivaient,une terreur eveillait une autre terreur;dans le sien au contraire la partie de l'âme commandait à la partie la plus faible.Ils sortent donc en se couvrant la tête d'oreillers assujettis avec des mouchoirs,précaution indispensable contre les coups de projectiles qui tombaient du ciel.Ailleurs le jour commencait à reparaitre,mais où ils se trouvaient la nuit continuait,la plus épaisse et la plus horrible des nuits eclairée seulement de temps en temps par les lueurs des flammes et des éclairs.

On jugea convenable de se rapprocher du rivage,et d'examiner de plus prêt ce que la mer permettait de faire;mais la mer prenait déjà  les allures de la tempête.Alors mon oncle ayant demandé de l'eau et bu deux fois,fit jetéer un coussin sur le sol et s'y coucha.En ce moment les flammes qui s'étendaient de plus en plus,et l'odeur du soufre qui en annonçait l'approche mirent tout le monde en fuite.Il se releva tout soucieux,appuyé sur le bras de deux esclaves,avec le projet de s'enfuire;mais au même moment il tomba mort.Je pense qu'une vapeur trés épaisse le suffoqua,d'autant plus facilement qu'il avait la poitrine faible et de temps en temps la poitrine asthmatique.

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